Est-il possible aujourd’hui de faire de l’art qui ne soit pas du spectacle ?
Marquée par Morandi, Music, Geneviève Asse, Ange Leccia, je m’inscris à leur suite par des sujets intimes, récits de l’intériorité, de la quête de soi.
Mon travail engage et parle du corps – il évoque, dans les œuvres présentées ici, le féminin et le masculin, les flux (les Atlantes), le cœur (Diastole), les larmes (Carnet)… – puis s’interroge sur la dimension transcendante qui habite l’Etre Humain.
Souvent inspirée par les poètes d’aujourd’hui (Charles Juliet, Salah Stétié) et par la littérature, je cherche les moments de bouleversements intimes qui peuvent naître d’un traumatisme ou d’une révélation, permettant à chacun de naître à soi-même.
Il s’agit d’un travail d’épure, qui demande de faire silence pour pénétrer dans ses espaces profonds. Le regard ne doit pas balayer la toile ; il doit, pour saisir l’œuvre, s’y plonger, rentrer dans la brèche.
La couleur, au croisement du rouge magenta intense et du violet sombre, est à la fois vie extrême, don total, mais aussi flirt avec la mort.
Le geste, dont Barthes dit qu’il est « la somme indéterminée des raisons, des pulsions, des paresses », – ici frottement du pastel à mains nues jusqu’à imprégnation, mais aussi effleurement, incise – exprime également cette rencontre d’Eros et de Thanatos.
Après une traversée de la douleur, mon œuvre parle de s’ouvrir à beauté.
M.P.